L'équipe UCBL - INSA Lyon brille à l'iGEM 2024 avec le projet BIO Snare
L'Université Claude Bernard Lyon 1 et l'INSA Lyon célèbrent la victoire de leur équipe commune, qui a remporté une médaille d'or lors de l'édition 2024 de l'iGEM (International Genetically Engineered Machine), une compétition mondiale en biologie de synthèse. Retour sur l'histoire inspirante de leur projet primé : BIO-Snare.
L'Université Claude Bernard Lyon 1 (UCBL) et l'INSA Lyon sont fières de la performance exceptionnelle de leur équipe interdisciplinaire qui a remporté la médaille d'or au concours international iGEM 2024. Ce concours, organisé à l'origine de sa création par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), rassemble des étudiants du monde entier autour de projets innovants en biologie de synthèse. Cette année, l'équipe UCBL-INSA s'est démarquée avec son projet novateur, BIO-Snare, un piège à insectes biosourcé et biodégradable.
Un projet né d'une urgence sanitaire
Le projet BIO-Snare, un piège à insectes 100 % biosourcé et biodégradable, est né en plein cœur de la crise des punaises de lit qui a frappé Paris à l'automne 2023. « Nous avons réfléchi à une solution pour piéger ces punaises de lit, puis nous avons étendu le sujet aux insectes nuisibles tout simplement », explique Dorine Gauthier, cheffe de l’équipe.
Conçu pour répondre aux défis posés par l'utilisation excessive de produits chimiques dans la lutte contre les nuisibles, BIO-Snare a pour objectif d'offrir une alternative naturelle et respectueuse de l'environnement. Grâce à une co-culture de bactéries et de levures modifiées, l'équipe a cherché à développer un support en cellulose imprégné d'une colle et d'une couleur biologiques. Cette combinaison a pour but de piéger les insectes de manière efficace tout en restant biodégradable.
« Nous avons voulu prouver qu'il est possible d'apporter des solutions durables sans compromis sur l'efficacité », explique Dorine. Sous la direction d'Erwan Gueguen, maître de conférences en microbiologie à l'Université Claude Bernard Lyon 1 et d'Agnès Rodrigue, maître de conférence INSA de Lyon, les étudiants ont bénéficié d'un accompagnement qui a enrichi leur expertise technique et leur vision de la biologie de synthèse.
Vous pouvez trouver plus d'infos sur BIO-Snare en suivant le lien vers le Wiki du projet, créé par les étudiants : Wiki
Surmonter les défis d'une équipe pluridisciplinaire
Derrière ce projet, une équipe interdisciplinaire composée d’étudiants de l’Université Claude Bernard Lyon 1 et de l’INSA Lyon. Cette diversité, bien que précieuse, a posé certains défis.
Erwan Gueguen, l'un des professeurs qui a supervisé l’équipe, témoigne de la difficulté de cette expérience. « Le concours iGEM est un véritable défi. Ce n’est pas simplement un projet scientifique, mais une véritable gestion de projet, et cela nécessite une forte implication de tous les membres de l’équipe. La gestion du temps est cruciale, car les étudiants doivent jongler avec leurs études et le travail sur le projet. » Ce projet exigeant a permis aux étudiants d'acquérir des compétences précieuses. « Ce genre d’expérience est exceptionnel. Il leur permet de développer une expertise en gestion de projet, en communication, et même en recherche de financement. Tous les livrables doivent être produits en anglais, ce qui permet aussi aux étudiants de perfectionner leurs compétences linguistiques. »
La préparation pour l’iGEM commence dès janvier et s'étend sur deux années académiques pour les étudiants de master, qui doivent s'organiser entre leur cursus et le développement du projet. « Ils ont suivi leur scolarité de façon normale tout en travaillant sur le projet le soir et le week-end. Cela n’a pas été facile, mais ils étaient déterminés », souligne Erwan Gueguen.
Une expérience marquante, malgré quelques tensions
Malgré les moments de tension et la fatigue, l’équipe a persévéré, tirant des leçons précieuses de cette aventure exigeante. « L’iGEM est une aventure très intense et très fatigante, surtout quand on fait ça en plus de ses études et des potentiels jobs étudiants… Cela mène à des tensions », confie Dorine, tout en reconnaissant que ces difficultés font partie intégrante de l’expérience partagée par la majorité des participants. « D'autres équipes au Jamboree nous ont confirmé que ce genre de situation est courant », ajoute-t-elle.
Pourtant, l'expérience s'est avérée profondément positive pour tous les membres de l’équipe. « L'iGEM a été, et je mesure mes propos, l'une des expériences les plus belles et les plus formatrices de ma vie. Rencontrer des participants du monde entier avec des projets ambitieux, c'est incroyablement inspirant, surtout dans un monde où les mauvaises nouvelles sont constantes », partage Dorine.
Une reconnaissance qui pousse à aller plus loin
Le Grand Jamboree, point culminant de la compétition, a été une étape mémorable. L’équipe a reçu un retour globalement positif, notamment pour sa présentation orale et ses pratiques éthiques. « Nous avons eu beaucoup de bons commentaires, surtout sur la partie "human practices" et la présentation orale du projet. L’idée était bonne et innovante, mais on manquait de preuves scientifiques pour prouver que notre construction génétique fonctionnait », souligne Dorine.
Bien que l’équipe n’ait pas remporté de prix spécial cette année, elle a été récompensée par une médaille d’or, témoignage de la qualité de son projet et de sa capacité à remplir tous les critères imposés par le concours. « Nous visons toujours la médaille d'or, c’est notre objectif minimum, et nous sommes fiers d'y être parvenus pour la troisième année consécutive », conclut Erwan Gueguen.
Les prochaines étapes pour BIO-Snare
Pour l'avenir, l'équipe souhaite d'abord prendre un moment de pause avant de se lancer dans de nouvelles phases de recherche.
« Il faut réaliser des manipulations pour prouver que la construction génétique fonctionne et envisager notre business plan. Pour l'instant, nous prenons un peu de recul sur cette expérience, nous avons besoin de souffler un peu, mais nous pensons à l’avenir du projet. »
Conseils aux futurs participants
Aux futurs participants de l'iGEM, l'équipe recommande de s'attendre à un travail intensif et d'en profiter pleinement. « Si vous avez l'opportunité de participer, foncez. C'est une expérience qui ouvre les yeux sur la pluridisciplinarité et sur la gestion de projet, des aspects essentiels que nous ne voyons pas toujours durant nos études », conclut Dorine.
L’équipe UCBL – INSA Lyon conseille de se lancer sans hésitation, rappelant la richesse des rencontres et l'inspiration puisée auprès de personnes du monde entier, engagées dans des projets qui visent à « sauver l'environnement, améliorer notre santé, etc. » — des valeurs qui ont permis à BIO-Snare de briller à l'international.
BIO-Snare est plus qu'un projet : c'est le témoignage de l'engagement et de l'innovation des étudiants de l'Université Claude Bernard Lyon 1 et de l'INSA, prouvant que même en pleine crise, des solutions novatrices et responsables peuvent voir le jour grâce à la passion et au travail d'équipe.
L’implication de l'UCBL et de l'INSA
Cette année, l'équipe UCBL - INSA a pu compter sur une majorité d'étudiants de l'Université Claude Bernard Lyon 1, une première depuis le début de la participation de l’établissement. Sous la direction des enseignants-chercheurs Erwan Gueguen (UCBL), et Agnès Rodrigue (INSA Lyon), les étudiants ont relevé le défi avec brio.
« C’était exceptionnel, car cette année, huit étudiants de l'Université Claude Bernard Lyon 1 en master de biologie ont participé, aux côtés de quatre étudiants de l’INSA. Cela a marqué un tournant dans notre participation, soulignant l’intérêt croissant pour ce concours côté universitaire », précise Erwan Gueguen.
Le succès de l'équipe UCBL - INSA à l'iGEM 2024 illustre la synergie entre innovation, durabilité et recherche interdisciplinaire. Cet accomplissement met en avant l'excellence académique et la capacité de collaboration des étudiants de Lyon.